Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par goutelle

 

Le dessin (que j'ai légèrement modifié) est
à l'origine de Red, qui officie au journal
satirique "Le Ravi" à Marseille.

 

Le Gréviste et ses scrupules
Le loup et les bergers

 

Un Gréviste rempli d’humanité
Un loup rempli d’humanité
(S’il en est de tels dans le monde)
(S’il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa combativité,
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Quoi qu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
Une réflexion profonde.
"On me veut haï, dit-il ; et de qui ? De chacun.
" Je suis haï, dit-il ? et de quoi ? De chacun.
Le Gréviste serait l’ennemi commun :
Le loup est l’ennemi commun :
Citoyens trompés veulent sa perte ;
Chiens, chasseurs, villageois, s’assemblent pour sa perte.
Sur les écrans on ne voit que leurs cris :
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris ;
De notre mort la journaille  est experte,
C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte :
Notre tête y est mise à prix.
On y mit notre tête à prix.
Il n’est journal télévisé qui ne fasse
Il n’est hobereau qui ne fasse
Contre nous tel reportage orienté ;
Contre nous tels bans publier ;
Il n’est tel transport à emprunter
Il n’est marmot osant crier
Que des Grévistes aussitôt on ne menace.
Que du Loup aussitôt sa mère ne menace.
Le tout pour une retraite élémentaire,
Le tout pour un âne rogneux,
Pour des droits faibles, pour un petit salaire,
Pour un mouton pourri, pour quelque chien hargneux,
Dont j’aurai passé mon envie.
Dont j’aurai passé mon envie.
Et bien ! ne contestons plus dans cette vie ;
Eh bien ! ne mangeons plus de chose ayant eu vie ;
Paissons l’herbe, broutons, mourrons de faim plutôt.
Paissons l’herbe, broutons, mourons de faim plutôt.
Est-ce une chose si cruelle ?
Est-ce une chose si cruelle ?
Vaut-il mieux s’attirer la haine universelle ?"
Vaut-il mieux s’attirer la haine universelle ? "
A ces mots, il vit des actionnaires libéraux
Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rôt
Vidant de leurs salariés les poches.
Mangeants un agneau cuit en broche.
"Oh ! Oh ! dit-il, je me reproche
" Oh ! Oh ! dit-il, je me reproche
Le coût de ma grève, voilà des bourgeois
Le sang de cette gent. Voilà ses gardiens
Volant notre argent sans vergogne et sans foi ;
S’en repaissants, eux et leurs chiens ;
Et moi, Gréviste, j’en ferai scrupule ?
Et moi, Loup, j’en ferai scrupule ?
Non par tous les dieux, non, je serais ridicule.
Non par tous les dieux, non je serais ridicule.
Les fruits de mon travail me reviendront
Thibaut l’agnelet passera
Sans qu’à la bourse ils fassent le plongeon ;
Sans qu’à la broche je le mette ;
Et non seulement eux, mais les acquis sociaux
Et non seulement lui, mais la mère qu’il tette,
Pour lesquels nos aïeux ont donné leur peau.
Et le père qui l’engendra. "
Ce Gréviste avait raison. Est-il dit qu’on voit
Ce Loup avait raison. Est-il dit qu’on nous voie
Un PNB si haut sous notre toit,
Faire festin de toute proie,
Et des pauvres si nombreux ; et nous leur dirons
Manger les animaux, et nous les réduirons
Que les faire vivre bien nous ne pourrons ?
Aux mets de l’âge d’or autant que nous pourrons ?
Ni retraite ni sécurité sociale ?
Ils n’auront ni croc ni marmite ?
Patrons, actionnaires ! Le gréviste n’a tort
Bergers, bergers, le Loup n’a tort
Que quand il n’est pas le plus fort :
Que quand il n’est pas le plus fort :
Voulez-vous qu’il vive en asocial ?
Voulez-vous qu’il vive en ermite ?

 

(La Fontaine, Lionel goutelle)

version chantée (à améliorer):
https://goutelle.over-blog.org/2017/10/le-blues-du-greviste-d-apres-le-loup-et-les-bergers.html

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article